Afin de mesurer concrètement l’impact des cervidés sur la flore et les activités humaines de l’Aubrac, le Parc naturel conduit une étude depuis cinq ans sur le territoire.
Depuis 2019, une trentaine d’enclos sont installés dans des prairies des vallées de Saint Chély d’Aubrac, Castelnau de Mandailles et Prades d’Aubrac. Ces installations très simples, 4 grilles de chantier disposées en carré au milieu de parcelles qui ne sont pas pâturées par des bovins, permettent de mesurer la quantité d’herbe qui pousse à l’intérieur et de la comparer à celle qui pousse autour, broutée par les cervidés.
« Maintenant que nous avons du recul sur 5 années de mesures, nous pouvons affirmer que les données récoltées sont significatives », explique Marieke Paardekooper, chargée de mission forêt au Parc. « La principale information que nous tirons de ce travail, c’est que la perte de fourrage due aux cervidés s’élève en moyenne à près de 30 %, résultat qui est relativement stable d’une année à l’autre. » Ces résultats ont été présentés aux partenaires de ce secteur, chasseurs, agriculteurs, maires ainsi qu’au secrétariat général de la préfecture qui conduit la concertation sur ce sujet.
Les forêts aussi peuvent pâtir d’un trop grand nombre de cervidés. Un second programme d’action mené par le Parc a permis de suivre une dizaine de ces enclos disposés dans des forêts, autant en Aveyron, que dans le Cantal et la Lozère. Installés depuis 2021, il a fallu attendre 4 années pour laisser à la végétation le temps de bien évoluer avant de pouvoir conduire un tout premier protocole d’observation. « Nos données ne sont pas encore significatives, cependant une tendance semble se dessiner : ce seraient les arbustes (entre 0,5 et 3 mètres de haut) qui seraient le plus impactés. Les biches, cerfs et chevreuils raffolent des bourgeons tendres, frottent leurs bois sur de jeunes tronc jusqu’à les casser. » Un impact certain pour les exploitants forestiers qui constatent que les forêts se régénèrent plus difficilement et que leurs plantations ont du mal à se développer correctement. « L’action du Parc est essentielle », explique Christian Malavieille, président de l’Association des communes forestières de la Lozère. « Le Parc permet d’abord de produire des mesures objectives et localisées pour mieux comprendre la problématique. Il opère également un suivi dans le temps de cet équilibre cervidés/forêt. Mais surtout, sur un sujet habituellement très passionnel, il permet d’engager un dialogue entre forestiers, agriculteurs et chasseurs sur des bases objectives ». Ces observations seront reconduites tous les 4 ans avant d’aboutir à des résultats consolidés.
Photo ©PNR Aubrac-Théo Bonnefous