La Fabriculture remet la main à la terre

Rédigé le 10/01/2024

A Moyrazès, la Fabriculture est un atelier de conception et de fabrication d’outils agricoles durables, qui célèbre le low tech et supprime les moteurs.

 

Vincent Legris a vu à l’œuvre l’agriculture dite moderne dans sa campagne normande, avec ses machines de plus en plus puissantes, de plus en plus sophistiquées, de plus en plus chères et de moins en moins bienveillantes pour la terre. Armé de son génie mécanique et d’une volonté militante, il a inventé la Fabriculture, petite entreprise spécialisée dans la conception d’outils simples et manuels, destinés au maraîchers, aux pépiniéristes, aux agriculteurs modestes et aux jardiniers éclairés. L’aventure a commencé en Normandie, mais son épouse étant affectée au lycée agricole de La Roque, près de Rodez, il a déménagé son activité à Moyrazès, où il a été accueilli à bras ouverts en 2017.

« J’ai créé la Fabriculture en 2012, comme une alternative à la mécanisation à outrance, avec des outils low tech, faciles à utiliser sans effort », explique-t-il.

La Fabriculture conçoit et fabrique des outils qui vont parfaitement bien à ceux qui font le choix d’une agriculture bienveillante et propre mais auxquels aucune offre n’était jusqu’alors proposée. Sa première invention et son premier succès commercial, en 2015, fut La Campagnole, un outil manuel à contre-dents qui permet de travailler tous types de sols. « Ça remplace le motoculteur », synthétise l’inventeur.

Depuis lors, l’entreprise ne cesse d’aller d’inventions en succès. Elle occupe 1 300m2 d’ateliers où travaillent aujourd’hui 12 personnes, dont deux apprentis et un élève ingénieur conception. A la fabrication d’outils originaux, elle a ajouté une activité de métallerie, serrurerie et mécanique agricole, ainsi que, depuis quelques mois, le négoce d’outillage de jardin low tech (avec, en particulier, des outils de jardin en cuivre, importés d’Autriche et très recherchés par les adeptes de la biodynamie). Elle répond aussi aux demandes de machines et outils spéciaux de l’industrie locale. Enfin, les ateliers fabriquent également, en sous-traitance, des produits pour la traction animale.

Outre du petit outillage à main (serfouette, bêche, plantoir, râteau…), outre La Campagnole (un millier de pièces par an), déclinée en plusieurs versions, l’entreprise de Moyrazès propose une fagoteuse à bois qui a été lauréate du concours Lépine, le K-tchak, un broyeur à végétaux, une machine à désherber pour les collectivités, des rouleaux de prairie, une récolteuse de plantes à parfum, une faucheuse … « Nous travaillons actuellement au développement d’un planteur à vigne pour des petites surfaces de quelques dizaines d’hectares », précise encore Vincent Legris. L’entreprise contrôle tout le process, depuis la matière première brute jusqu’à la commercialisation, en passant par la conception, la fabrication, les finitions. Elle propose également des kits d’auto-construction.

La notoriété de la Fabriculture s’est faite sur les réseaux sociaux et par le bouche-à-oreille. Elle vend 80% de sa production en direct, partout en France et dans plusieurs pays d’Europe.

La Fabriculture ne fait pas qu’inventer des outils de jardin. Elle fait aussi de la politique.